lundi 1 juillet 2013

Le mème de demain, sans Z… s'il vous plaît

C'est en croisant l'affiche de World War Z, un film qui parle, je crois, de zombies et de fin du monde, puisqu'il y a un "Z" dedans, que j'ai eu cette réflexion : L'affiche en question m'évoque bien plus une fourmillière que des hordes de cadavres déambulants.
Or, la horde de cadavres déambulants, la sociologie s'en est emparée depuis les films de Roméro : le zombie est l'image du consommateur, de la victime accablée par la catastrophe, etc. Étrangement, me suis-je dit, la ruche et la fourmillière, les insectes et les larves, me semblent pouvoir tout aussi bien coller aux interprétations que l'on applique d'habitude aux zombies.

  • Les insectes nous inspirent à peu près autant d'horreur et de dégoût que les cadavres. Comme les cadavres, le monde des insectes nous renvoie à la terre, à la décomposition, à notre propre mort.
  • L'insecte nous effraie d'autant plus qu'il se rencontre sous forme d'essaim, de ruche, de colonie grouillante, encore plus nombreux que les masses sociologico-revenantes.
  • L'insecte, plus encore que le zombie, est pour nous dépourvu d'individualité et de libre arbitre. Il attaque ou fuit selon une logique étrangère, mais qui est effrayante dans sa rapidité ou son implacabilité. 
  • Pour se battre contre un essaim, à vrai dire, un fusil à pompe ne suffira pas ; un lance-flamme peut-être, et des armes chimiques, encore faut-il en disposer.

Je trouve par ailleurs que le monde des insectes grignote, si j'ose dire, petit à petit notre espace mental : les drones se présentent de plus en plus comme des objets de notre futur environnement, et préfigurent assez bien les essaims de nano-robots de la S.-F. ; la notion d'intelligence émergente fait explicitement référence à la ruche ou à l'essaim ; on évoque les larves dans notre alimentation comme source de protéines ; les armures, les costumes des super-héros ou des militaires omniprésents sur les écrans (à travers jeux vidéos, films et journaux télévisés) ont des airs de chitine et d'exo-squelettes ; j'en oublie certainement encore. D'une certaine façon, l'algorithmique distribuée d'Internet, c'est déjà de l'insectitude virtuelle, comme dirait l'ex-madame Hollande, et chacun de nous, derrière son téléphone, participe du fourmillement Googlien ; les octets ont simplement remplacé les phéromones.

Bref, s'il y a un "mème" qui me semble convenir à une certaine représentation mentale, déshumanisante de la société technicofinancière, c'est pour moi celui de la ruche et des insectes, bien avant les zombies. Reste à voir si Hollywood, après les vampires et les zombies, me suivra ou non dans mes réflexions vachement profondes :)

P.-S. : Côté JDR, il n'y a guère que Vermine qui se soit aventuré sur ce terrain, bien que les insectes occupent une certaine place dans d'autres jeux, notamment Shadowrun. Chi-chian ou Zero ne comptent pas vraiment, étant donné leur succès planétaire.

P.P.-S. : et Myrmes a failli être élu sur Tric-trac en 2012 ! Fuyez, pauvres pous !

P.P.P.-S. : Werber me fait Gerber (à une lettre près, précisément). Inutile d'en parler, merci.

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