jeudi 30 mai 2013

C'est la fête des jeux morts

C'est donc aujourd'hui le « Obscure RPG appreciation day » ; en français, ce serait donc une sorte de jour de l'amicale des obscurs gérontoludophiles. Rien que l'image proposée par les initiateurs donne un avant-goût de ce qui est révéré en ce jour funeste. Mais qu'est-ce ? me direz-vous. En marge du comité pour la panthéonisation de Gygax, l'Internet abrite d'autres cryptes de vieux rôlistes qui passent leur temps à déterrer de vieux manuscrits de jeux de rôles pour les encenser. Plus c'est mauvais, plus c'est apprécié. Bref, c'est un genre de bousier du JDR.
Commençons par avouer que je ne puis absolument pas rivaliser avec ces insectes fouisseurs dans l'exhumation de machins oubliés depuis des décennies, d'autant que je vis du mauvais côté de l'Atlantique. Rassurons-nous, les rôlistes français et européens des années 1980 ont certes, eux aussi, produit quelques jeux amateurs d'aussi mauvaise qualité que leurs homologues anglo-saxons, la production coproludique n'a pas de frontière.

J'aurais donc bien aimé vous parler d'une déjection francophone, mais je n'en ai point. Comme la plupart des rôlistes français, ma connaissance du monde du JDR des années 80 se limite à ce qu'en reflétait Casus Belli. Or, un véritable JDR obscur, à mon avis, se reconnaît précisément au fait d'avoir été passé sous silence par Casus Belli. Mon second choix fut FTL:2448, mais mon exemplaire s'est avéré être trop profondément enterré pour que je puisse le retrouver. Je dus ainsi me rabattre sur High Colonies, malheureusement moins « fait » (au sens fromagier du terme) que FTL:2448, et ridiculement peu obscur pour un public averti. En plus, je suis hors concours, puisqu'il s'agit d'un jeu de science-fiction et que seul le « médfan » a le droit de cité (j'aurais dû parler de MEGARPS, mais j'ai déjà dit tout le bien que j'en pense ailleurs). Enfin, High Colonies est presque jouable, écrit dans un anglais correct, c'est dire si sa qualité en fait un mauvais cadavre à mâcher.

High Colonies est, tout d'abord, illustré par Éric Hotz (plus connu pour ses illustrations d'Ars Magica que par celles de Hârn chez les français, je suppose). Si j'en crois des discussions sur une mailing-list dénichée par Google, Éric n'a, contrairement à une erreur qui se retrouve jusque dans les crédits de l'ouvrage, pas écrit une seule ligne du jeu. Il a, en revanche, conçu le système de combat. Tout le texte a été rédigé par Edwin King sur son PC et mis en page sous Macintosh (comme on disait dans les années 80) par Peter Lankester. De part ses contributeurs comme de son système, High Colonies est souvent considéré comme un « Hârn in space » ; vu de près, pas du tout, mais si on s'arrête à la couverture, pourquoi pas.

Avis aux bousiers : il existe un supplément intitulé « Dogs of war », dont le texte, la mise en page et les illustrations sont achevées, mais qui n'a jamais été publié.

Comme le lecteur peut s'en douter, si on y parle de chiens de guerre, High Colonies ne fait pas tellement dans le pacifisme intégral. Au niveau des illustrations, il y a avant tout des femmes et des flingues. Ce n'est guère surprenant si on remarque que « Hârn in space » est l'anagramme de « NRA chase nip ».

En fait, je ne vais pas vous parler du reste, parce que Google sait le faire aussi bien que moi et que l'autopsie et la cérémonie d'enterrement de High Colonies ont été déjà déroulées de nombreuses fois sur différents blogs d'« appréciateurs d'obscurs jidéhèrs ». Quitte à faire de l'exhibitionnisme en ce jour de la fête des JDR morts, exhumons-en quelques illustrations avant d'en refermer le caveau.




Ça, c'est la page de garde. Quand j'évoque des femmes et des flingues, ce n'est pas qu'une façon de parler.

















Voilà, voilà… dans l'avenir, il y a des choses qui ne changent pas, semble-t-il.